mars 2023 Auvergne-Rhône-Alpes

Dans le cadre des projets d’accompagnement au pastoralisme avec Pâtur’en Pilat et d’adaptation au dérèglement climatique via les Toits ressources (en énergie et en eau), des éleveurs sont accompagnés par le Parc Naturel Régional (PNR) du Pilat pour travailler sur des solutions de collecte et stockage de l’eau pour l’abreuvement des troupeaux et ainsi désengorger l’eau du réseau.

Le PNR du Pilat et l’ADDEAR de la Loire ont ainsi proposé aux éleveurs de se former pour mieux connaître les particularités de l’eau, ses critères de qualité, son rôle dans l’organisme des animaux, ainsi que les procédés de traitement, de dynamisation, de collecte, de stockage et de distribution.

Huit éleveuses et éleveurs de bovins lait et viande, de moutons et de porcs ont participé à 1 journée de formation sur cette question de l’eau, avec Jérôme Crouzoulon, intervenant spécialisé en santé et nutrition animale. Cette journée est complétée par 10 modules détaillés, accessibles sur la plateforme Agrilearn ainsi que par des accompagnements individuels sur chaque ferme intéressée.

Quelle est la motivation les éleveurs à participer à cette formation ?

Des facteurs précis sont à l’origine de leurs souhaits de se former :

  • Le manque d’eau de cet été 2022 et le tarissement de sources et forages
  • Les sources d’eau polluées, qui génèrent des problèmes sanitaires sur les troupeaux
  • Les problèmes de santé de leurs animaux : des broutards qui végètent, des diarrhées sur les veaux, des pertes d’agneaux, …

De plus en plus, les éleveurs sont confrontés à des difficultés de qualité et de quantité d’eau qui impactent la santé des animaux et donc leur production.

Comment s’est déroulée la formation ?

  • Des temps de formation à distance pour acquérir les connaissances plus théoriques sur la nature de l’eau, son rôle dans l’organisme, son impact sur la santé et l’environnement, les liens entre oligo-éléments et eau, ses critères de qualité, de potabilité, …
  • Des temps en salle et sur une exploitation pour relier ces nouvelles connaissances avec les problèmes à résoudre sur les exploitations et repérer les pistes d’amélioration pour chacun.

Qu’est-ce que les éleveurs ont appris grâce à cette formation ?

  • Lire une analyse d’eau et l’interpréter pour agir
  • Connaître la structure de l’eau pour comprendre les conséquences des difficultés rencontrées
  • Utiliser différentes méthodes pour traiter l’eau (turbidité, teneur en carbone organique totale, teneur en oligoéléments, bactéries pathogènes…), dont l’usage du kéfir pour apporter de bonnes bactéries dans leurs canalisations d’eau et dans leurs abreuvoirs
  • Dimensionner les besoins en eau et utiliser différents moyens pour la stocker puis la distribuer

« On a tous les mêmes problèmes à résoudre. A partir de là, le formateur nous aide à nous poser les bonnes questions sur la potabilité de l’eau et sur les moyens de la collecter, stocker, distribuer, … avant d’agir. »

Eleveur ayant réalisé la formation

Ce que les éleveurs vont changer dans leurs pratiques ?

  • Analyser l’eau en sortie de forage : si les analyses ne sont pas bonnes, envisager de rehausser le forage et de bétonner autour
  • Prévoir un bac de décantation sur la récupération d’eaux pluviales
  • Faire un système de filtration
  • Améliorer l’accès à l’eau dans les bâtiments et sur les pâtures
  • Nettoyer les cuves de stockage de l’eau pluviale et de l’eau de source
  • Mettre une planche dans les bacs d’eau pour éviter que les animaux (lézards, rongeurs, oiseaux, …) se noient et salissent l’eau
  • Utiliser la gravité pour éviter de pomper

Le but de ces éleveurs est de gagner en autonomie sur les questions de quantité et de qualité de l’eau pour abreuver leurs animaux.

« Si tous les agriculteurs du Pilat utilisaient l’eau du réseau, on en manquerait »

un éleveur convaincu de l’importance de mieux connaître l’eau pour pouvoir mieux l’utiliser et la partager sur le territoire

Des investissements sont parfois nécessaires et subventionnés tels que forage, cuves de rétention des eaux de pluie, bacs dans les parcs, en béton pour une meilleure qualité de l’eau par rapport au plastique et pour une durée de vie plus longue.

Guitty PICHARD, conseillère VIVEA