mars 2023 Auvergne-Rhône-Alpes

Le groupe Monts Bio, composé de 16 éleveurs laitiers des Monts du lyonnais, est né en 2016 suite à une demande de lait bio de SODIAAL sur ce secteur herbager : la question de la conversion en Agriculture Biologique s’est alors posée pour ces fermes. Mickaël Coquard, de Rhône Conseil Elevage en partenariat avec la chambre d’agriculture, a accompagné ce collectif d’éleveurs avec l’objectif de développer leurs compétences sur les questions cruciales d’agronomie, de médecines alternatives et de pâturage. Le fait de travailler en collectif a favorisé la conversion des fermes en bio car il a sécurisé la réflexion système et les expérimentations de pratiques par chacun des éleveurs. Le groupe a permis à chacun de s’approprier les facteurs du changement à opérer sur leurs fermes.

Les points-clés de leur parcours en collectif

Au cours de leurs démarches, les éleveurs se sont rendus compte que les problèmes sanitaires étaient moindres grâce au pâturage et que les enjeux tournaient autour de l’autonomie alimentaire et l’équilibre du bilan fourrager Ils se sont donc centrés sur la question de la production fourragère, en intégrant le pâturage : les prairies naturelles et temporaires (choix des espèces, implantations, modes de récolte) en lien avec le dérèglement climatique, les haies, l’agroforesterie, la gestion des effluents, et aussi un travail sur les coûts de production pour repérer les points à surveiller en bio pour dans le but de maintenir la rentabilité.

C’est la dynamique collective du groupe qui a permis, en 5 ans, l’évolution des systèmes sur les exploitations. La formation des éleveurs a joué un rôle important en leur apportant les capacités de passer à l’action grâce à :

  • l’apport de nouvelles connaissances pour comprendre les causes des difficultés rencontrées puis la mise en application sur les fermes
  • la construction de références locales établies à partir des résultats de la recherche de stations expérimentales et des essais conduits par les éleveurs sur leur territoire
  • l’appropriation de nouvelles techniques, notamment, de gestion fourragère et sanitaire
  • la confrontation de pratiques entre agriculteurs


Des formations ouvertes sur d’autres pratiques

En 2022, les éleveurs ont souhaité acquérir des connaissances sur la place des prairies et des cultures, qui sont un enjeu déterminant dans la conduite des systèmes bio. Dans le cadre de leur formation, le groupe d’éleveurs s’est ainsi rendu en Haute Saône pour rencontrer :

  • les chercheurs de l’INRAE de Mirecourt, qui conduisent en parallèle depuis 2004 deux systèmes d’élevages bio qui minimisent le recours aux intrants (zéro engrais, zéro pesticide, zéro paille extérieure, minimum de fioul) : l’un 100 % herbager et l’autre en polyculture-élevage.
  • 1 élevage  qui  est passé de l’intensif au bio, dans le but de mesurer les risques et réussites d’une telle transition de système.
  • 2 élevages herbagers qui ont développé leur autonomie grâce au pâturage, à la diversification des cultures, et à leur stratégie de renouvellement du troupeau.

Ils ont ainsi acquis de nouvelles connaissances et pratiques à mettre en œuvre sur leurs exploitations telles que :

  • L’alimentation herbagère grâce à l’acquisition des points fondamentaux à respecter pour le semis de méteils en prairie, les méthodes pour permettre une alimentation hivernale en ration tout herbe grâce à un système autonome et économe, les avantages et les inconvénient du maïs dans une ration herbagère, l’implantation de protéagineux à intégrer dans l’alimentation
  • La gestion des cultures annuelles en AB par la maîtrise des itinéraires techniques (maïs ensilage, méteil, maïs épi, sorgho) en soulignant les facteurs de réussite de la conduite de ces cultures en Agriculture Biologique (fertilisation et gestion des adventices)
  • L’adaptation au dérèglement climatique par le développement de l’agriculture de conservation des sols en AB et la diversification des cultures et des espèces
  • La conduite du troupeau en système autonome grâce au travail de résilience des troupeaux laitiers en situation de bas intrants et à la gestion de la phase lactée chez les génisses de renouvellement en agriculture biologique

tout en montrant l’impact de ces pratiques du système sur la charge de travail et les résultats économiques de l’exploitation.

Aller voir ailleurs, ça permet d’oser expérimenter des nouvelles pratiques, de ne pas laisser la place aux habitudes.Des fois on peut avoir le même exemple dans la ferme voisine, mais on a des a priori et le passé qui empêche de changer … Ça permet de sortir la tête du guidon, ça aide à conduire des projets ensemble 

Témoignage d’éleveurs

Et maintenant, que vont-ils faire ?

Les éleveurs disent avoir vu des gens bien dans leur système, des systèmes très rentables par rapport au nombre de vaches, des gens sans pression et bien dans leurs bottes, des gens épanouis qui ont construits des systèmes cohérents avec leurs objectifs personnels.

Ils ont envie de travailler sur l’évolution de certaines pratiques dans leurs fermes des Monts du lyonnais, par exemple :

Modifier les pratiques liées au sol et creuser l’idée des rotations de cultures.

Tester le système de mère nourrice : de l’éducation à la mise à l’herbe, tous ceux qui l’ont fait ne sont jamais revenus en arrière. Mais ça bouscule le système et l’organisation du travail. »

Travailler encore sur le système pâturage pour l’optimiser.

Travailler la maîtrise des charges et gagner en autonomie.

Ils ont aussi envie de comprendre les facteurs de bien-être de ces éleveurs rencontrés en Haute- Saône… : le travail en groupe pour penser le changement, et quoi d’autres ?

Guitty PICHARD, conseillère VIVEA